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L'architecture publique

L’architecture publique : une indispensable qualité

Grâce à la construction d’écoles, de logements, d’infrastructures culturelles, sportives,  administratives ou liées à la santé…, les pouvoirs publics procurent aux habitants les lieux nécessaires à leur épanouissement. Encore faut-il que ces bâtiments  soient « justes » et proposent une réponse pertinente à de multiples facteurs comme :  

  • l’opportunité, soit l’évaluation de la pertinence du projet (besoin identifié, budget disponible, site approprié…) ; 
  • la localité, soit la prise en compte des contextes spatial, économique, culturel, patrimonial et naturel qui garantit l’ancrage du projet et prévient de la banalisation ;
  • la spécificité, soit le refus de réponses toutes faites, permettant la construction d’un projet architectural exclusif adapté aux enjeux ;
  • l’habitabilité, soit l’organisation optimale assurant  le bon fonctionnement du bâtiment et le confort des usagers ;
  • la sobriété, soit la préférence, dans la globalité du projet, pour des dispositifs simples et peu coûteux minimisant ainsi la consommation des ressources et l’énergie ;
  • la solidité, soit le choix d’un système constructif de qualité, l’anticipation sur l’entretien et la durabilité du bâtiment ; 
  • et enfin la beauté, la notion la plus subjective car elle fait appel à la culture et aux références de chacun.

(D’après Collectif, 2014. Pour une qualité architecturale : fondements et démarche. Les cahiers experts, Le Moniteur).

L’architecture publique : une valeur d’exemple

Si les critères ci-dessus sont valables pour tous les projets, privés et publics, ils sont incontournables pour l’architecture publique. En effet, comme elle a vocation d’exemple, sa qualité doit être une priorité des pouvoirs publics. Représentant l'expression du dessein d’une société, elle doit être une référence pour tous les projets. Les communes, rurales  et urbaines, en tant que maitres d’ouvrage de bâtiments à usage collectif sont fortement concernées. Quel que soit le budget, des « œuvres » conçues par les stars internationales jusqu’à l’extension d’une école rurale, tous les bâtiments publics doivent faire sens auprès des habitants et les éveiller à cet enjeu culturel qu’est l’architecture. 

L’architecture publique : résoudre les écueils…

Grâce à des efforts conjugués, le paysage architectural public évolue favorablement en Wallonie et petit à petit, les projets de qualité font boule de neige. Sans doute pas encore suffisamment ni assez rapidement.

Un des écueils souvent évoqué par les professionnels est l’instabilité engendrée par les changements de mandatures. Des solutions existent pourtant  qui permettent d’avoir une vision commune de référence et dont nous pourrions nous inspirer: l’agence publique de promotion de l’architecture au Royaume-Uni, la plateforme éduquant à la culture du bâti créée par le gouvernement allemand,  les « bouwmeester » en Flandre et à Bruxelles…

Une autre difficulté soulevée relève des prescriptions urbanistiques souvent accusées d’ingérence dans la politique architecturale. Il est entendu que les règlements peuvent éviter la mauvaise architecture mais ne garantissent pas le bon projet. Ils sont notamment des garde-fous contre les projets qui oublient le critère de « localité » défini plus haut.  Par ailleurs, les systèmes de dérogation permettent généralement une adaptation : en milieu rural, le RGBSR permet de s’en écarter lors de programme particulier, ce qui est le cas pour la majorité des bâtiments publics.

L’architecture publique : un enjeu défendu par plusieurs acteurs

Le savoir-faire de l’architecte est bien entendu au cœur de la réussite d’un projet. Mais d’autres acteurs peuvent la favoriser, citons-en quelques-uns…

Par son assistance à la maîtrise d’ouvrage publique, la Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles est présente auprès des collectivités locales pour l’accompagnement de leurs marchés publics d’architecture. « Les pouvoirs publics et la valeur d’exemple » constitue d’ailleurs le premier axe de sa politique. Elle organise également le Prix de la maîtrise d’ouvrage publique.

Les Maisons de l’urbanisme, quant à elles, informent et sensibilisent le public le plus large et proposent régulièrement aux communes des actions concrètes en lien avec la qualité architecturale : visites, voyages, publications, prix d’architecture, animations pédagogiques…

La Maison régionale de l’architecture et de l’urbanisme, lieu fédérateur des architectes professionnels, assure le lien privilégié entre le pouvoir public régional ou local et les professionnels architectes par une plate-forme d’échanges entre les quelque 3.500 professionnels de l’Architecture œuvrant en Wallonie.

Sans oublier les ordres et associations professionnelles, les techniciens et les décideurs qui, chacun dans leur rôle, ont la possibilité de prendre part à ce défi de la qualité des bâtiments publics.

En guise de conclusion, laissons la parole au bureau Baumans-Deffet, lauréats du marché public pour le nouveau centre ADEPS de Neufchâteau. La présentation de leur projet commence par un incipit emprunté à Peter Handke : « Quelque chose commença qui était déjà là » (in DASSONVILLE C. et COHEN M. (dir.), 2014. Les Centres sportifs ADEPS à Froidchapelle et Neufchâteau. Visions-Architectures publiques, volume 10, Fédération Wallonie-Bruxelles).